Photo © Suzi Medeiros

Sois toujours poëte, même en prose

24 juillet 2008

Plus pauvre que toi

Les mains tendues vers le ciel
Le regard fixé sur les passants
Il attend insouciant
Certains l’ignorent
D’autres font semblant de l’ignorer
Parfois sa présence embarrasse
Et crispe les gens en morceau
Il joue la pitié
Le sourire aux lèvres
Musique qui touche certains
Alors on lui glisse monnaie dans les mains
Pour faire le bien
Pour mieux se sentir
Pour s’alléger la conscience et les poches
Pour le karma
Ou pour espérer que l’argent le calmera
Certains le jugent
Ou le darde de reproches
Choses pour laquelle il n’est pas à l’abri
Ce sans-abri
Il vit rue, ciment et béton
Lundi, dimanche, toute saison
Il ère là où bon lui semble
Là où se fait bon le change
Peut-être espère-t-il le changement
Ou sait-il que le change ment

Parfois j’aimerais lui parler
Mais je ne saurais quoi dire
Alors je lui glisse un sourire
Car il me rappelle mon grand-père
Car il ressemble au souvenir
Qu’on enfouit au plus profond de son âme
Comme un trésor qu’on a peur d’ouvrir
D’autres jours je passe tout droit
Froid, la conscience glaciale
Comme un soldat qui a vu la misère
Comme quelqu’un pour qui l’enfer est banal
D’autrefois je me réveille
Et des remords me pincent
Je lui glisse alors 2 dollars
Et pourquoi pas?
Je n’ai absolument rien à perdre
Et lui non plus
Pourquoi se restreindre
Quand on peut vivre dans l’absolu

Moi j’suis enchaîné à ce bureau
À mes restrictions et addictions
J’aimerais voyager mais ‘’ma situation’’ m’en empêche
J’aimerais lâcher tout et vivre bohème
D’eau fraîche, de rêves et de poèmes
De courir après les moulins comme Don Quichotte
Sans avoir un moindre souci qui m’chicotte
Car je vis constamment dans ma tête
Le jour comme la nuit
Je m’invente des jeux de rôle
Et je rôde dans mes fantasmes et fantaisies
Je vis dans un nuage
Et la vie se défile sous mon nez
Sans que je n’aille pu la flairer
La fin de semaine je me sauve
Je m’amuse comme toujours à droite et à gauche
Après je m’essouffle
Et me demande…qui est réellement le plus pauvre…

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