Photo © Suzi Medeiros

Sois toujours poëte, même en prose

18 avril 2009

Conversation with THA New Yorkers!




The Lost Tribes of New York City

15 avril 2009

Lunch break

Comment peux-tu savoir?
Comment peux-tu savoir où se trouve ton siège,
ou qu'est-ce que l'avenir te réserve?
je t'écoute parler et tes convictions futuresques m'énervent
car tu me dis que tu sais,
tu sais où tu seras dans 10 ans,
quand moi je ne suis plus sûr
de savoir ce que je ferai la semaine prochaine,
je sais seulement que j'ai des passions
et qu'elles me guident,
comme une lampe à l'huile
dans les couloirs obscurs d'une pyramide,
toi tu connais ton boulot et tu trace
ton chemin de carrière,
comme si l'histoire était déjà inscrite en caractère gras,
tu te vois déjà à long-terme,
quand le jour n'a même pas fini son terme,
pour toi l'herbe est verte,
le ciel est bleu,
le gris est terne
et l'amour et la haine font deux,
tu calcule tout à l'avance
comme si tu possédais une médium comme agente,
et j'tente de te comprendre
mais ton discours m'endors tellement profondément
que mes silences commencent à ressembler à des ronflements,
peut-être suis-je jaloux,
moi qui saute d'une job à une autre,
d'école à école, de loft à colocs,
jusqu'à chez mes parents, d'un kick à un autre,
d'un thème à un autre, de l'est jusqu'à l'ouest,
moi qui cherche,
comme un archéologue ivre de recherches,
mais qui ne trouve que des ossements d'indices,
ou des trésors gisant dans l'ombre de ma conscience d'argile,
moi qui n'a que l'incertitude comme conviction,
comment est-ce que toi tu réussis à vivre sur tes prédictions?
tu semble marcher les fesses serrées,
à ne point considérer tout ce qui se trouve hors-routine,
à marcher en ligne droite comme un moteur d'usine,
seulement il me semble que,
c'est mieux de ne savoir ce que l'on veut faire,
parce que c'est tout une mer d'opportunités qui s'ouvre pour nous au jour de pêche,
je pourrais être père ou prêtre,
peut-être pas prêtre,
mais quelque chose comme pêcheur de rêves,
ou acteur sur scène,
si chose était possible,
car l'impossible est pour moi chose atteignable,
mais toi tu sais, tu vois,
tu te conforme, tu rationalise,
tu regarde à la loupe, tu osculte au microscope près,
tu dresse un portrait de ta vie,
et ça m'ennuie désolé,
ces idées de confort, d'assurance,
de salaire et de finance,
mademoiselle,
je vous trouvais belle il y a une heure,
mais notre lunch tire à sa faim
et j'dois retourner me faire du beurre...

14 avril 2009

L'enfance me manque

Je suis un adulte qui se cache derrière ses mains en s'imaginant que peut-être si les grands ne me voient pas ils penseront que je suis encore un enfant.

8 avril 2009

Un peu plus haut

Parf ois je rêve que je ne l’entends plus
qu’on l'emporte au loin là-bas
trop loin de moi
c’est un véritable cauchemar
car tant qu’elle est là
je n’ai besoin de personne
même Dieu pourrait me quitter
si c’est elle qui reste pour me bercer

Parfois quand je l’entends
j’ai envie de crier
car seule elle peut me vider
et me ressourcer
même quand tout semble sombrer
D’autre fois quand je l'entends
j’ai envie de pleurer
et hurler du plus fort
de toutes mes forces
comme elle le fait dans sa robustesse
encore et encore

Je voudrais m’enfermer dans une sphère qu'avec elle
une cloison des plus fortifiées
pour que toutes ses vibrations ne résonnent que sur moi
et me caressent comme de la soie
car jamais je ne pourrais survivre si elle n’est pas là
son départ serait comme tomber des chutes
pas celles du Niagara
mais du plus haut d’Angel au Venezuela

Comme je l’entends
jai envie de l’élancer
et si seulement je pouvais je l'étreindrais
je lui tenderais mes bras quand elle sonne triste
et je l’emmènerais avec moi danser
comme elle le fait sur la piste
Je la garderais que pour moi
comme une hypocrite
et jaurais du mal mais je la partagerais
que pour animer le rire des enfants
mouvoir leur cœur de tous les malheurs
mais je veillerais sans cesse sur elle
pour que jamais on me l’enlève
et je la sauverais des vilains
de ceux qui la persécutent
qui l’utilise à profit
comme je le fais pour ma survie
de ceux qui la ridiculisent
et qui ne font d’elle que des bêtises
mais sans les hommes, je sais, c'est triste
mais elle ne saurait survivre
elle ne pourrait subsister au temps
à cette époque qui nous quittes à chaque instant

Je ne veux vivre que si elle existe
car quand je l’entends
elle m’emporte encore plus loin
au fond là-bas
Un peu plus haut
et c’est beau comme le chante Ginette Reno
Je veux m’endormir encore et encore sous ses sons
et l’emmener avec moi dans l’autre monde
de l'autre côté
lorsque mon corps reposeras dans sa tombe
Et si là-bas elle n’existe pas
c’est qu’ici sur terre c'est le paradis

Parfois je rêve que je ne l'entends plus
et tout autour le vent se vide
car elle est comme la fourrure lors de la tempête
comme un toît sous un ciel qui pleure de l'eau
ou comme la lumière au bout du tuyau

Alors que mon âme s’envole
que mon esprit me quitte
qu’on me prenne ma vue
qu’on me vole ma voix
qu’on m’arrache mes bras
et tous mes membres
mais qu’on me laisse mon ouïe
car quand je suis triste
quand il semble n'avoir que du vide
je sens que je ne suis pas seule
et que je ne tomberai pas
tant qu'il me reste la musique

3 avril 2009

au 3e jour du mois

Au 3e jour du mois,
je pris finalement mon courage entre mes bras,
je sortis de mes draps
pour aller chercher une pelle et une brouette,
direction le cimetière,
avec cette vieille canaille que je comptais enterrer depuis que le jour est jour,
une pleine lune éclaira le moment,
j'arrêtai d'un coup sec mes mouvements,
lorsque j'aperçus une terre vierge
où je pourrai y planter mon dolmen funéraire,
je plongeai ma pelle tête première
en arrachant l'herbe en surface,
jusqu'à ce que je puisse apercevoir les verres de terre
qui se tortillèrent le corps à me voir le visage,
moi qui n'étais plus sûr de soi
comme une limonade passé date,
je creusai d'un geste sûr et décidé,
outré par cet avenir que je pensais toujours en vain pouvoir dessiner,
je lançai des jets de terre,
jets après jets,
en pensant à ces tièdes journées,
où mon moral était aussi bas que le niveau de la mer,
jets après jets,
à ces gestes que j'ai toujours voulu faire sans jamais ne les avoir posé,
comme une image qui hante un photographe,
jets après jets,
à cette insécurité traîtresse,
comme un château dépourvu de forteresse,
jets après jets,
à ce manque de confiance
qui m'empêche de voir la vie en haute définition,
telle qu'elle devrait l'être,
comme un roman dont nous sommes maître de l'action,
j'arrivai finalement au fond,
à bout de souffle,
sans néanmoins être à bout de force,
pour ensuite retourner au rez-de-chaussée du sol,
où gisait mon cadavre dans un sac de poubelle,
où seul la lune et un corbeau perché
ne purent nous apercevoir,
comme une lueur sur le firmament du soir;
je pris par le col cette foutu ordure
que je jetai dans la fausse
de mes souvenirs fauchés,
comme un fossoyeur je me mis à enterrer,
enterrer par pur plaisir,
enterrer en ricanant,
enterrer solonellement,
enterrer sans n'éprouver de peine aussi profonde que cette tombe,
soulagé,
je me félicitai du travail,
de cet acte héroique et machiavélique à la fois,
de ce que peu d'hommes n'arrivent à accomplir,
lorsque marche l'empire des jours tristes,

je pris alors une pierre rectangulaire,
sur laquelle je gravai ceci:
''ici repose le corps de mes soucis''
et je retournai dans la nuit,
serré à la gorge par les faits,
en sachant que je pourrai finalement me reposer en paix...