Photo © Suzi Medeiros

Sois toujours poëte, même en prose

15 avril 2009

Lunch break

Comment peux-tu savoir?
Comment peux-tu savoir où se trouve ton siège,
ou qu'est-ce que l'avenir te réserve?
je t'écoute parler et tes convictions futuresques m'énervent
car tu me dis que tu sais,
tu sais où tu seras dans 10 ans,
quand moi je ne suis plus sûr
de savoir ce que je ferai la semaine prochaine,
je sais seulement que j'ai des passions
et qu'elles me guident,
comme une lampe à l'huile
dans les couloirs obscurs d'une pyramide,
toi tu connais ton boulot et tu trace
ton chemin de carrière,
comme si l'histoire était déjà inscrite en caractère gras,
tu te vois déjà à long-terme,
quand le jour n'a même pas fini son terme,
pour toi l'herbe est verte,
le ciel est bleu,
le gris est terne
et l'amour et la haine font deux,
tu calcule tout à l'avance
comme si tu possédais une médium comme agente,
et j'tente de te comprendre
mais ton discours m'endors tellement profondément
que mes silences commencent à ressembler à des ronflements,
peut-être suis-je jaloux,
moi qui saute d'une job à une autre,
d'école à école, de loft à colocs,
jusqu'à chez mes parents, d'un kick à un autre,
d'un thème à un autre, de l'est jusqu'à l'ouest,
moi qui cherche,
comme un archéologue ivre de recherches,
mais qui ne trouve que des ossements d'indices,
ou des trésors gisant dans l'ombre de ma conscience d'argile,
moi qui n'a que l'incertitude comme conviction,
comment est-ce que toi tu réussis à vivre sur tes prédictions?
tu semble marcher les fesses serrées,
à ne point considérer tout ce qui se trouve hors-routine,
à marcher en ligne droite comme un moteur d'usine,
seulement il me semble que,
c'est mieux de ne savoir ce que l'on veut faire,
parce que c'est tout une mer d'opportunités qui s'ouvre pour nous au jour de pêche,
je pourrais être père ou prêtre,
peut-être pas prêtre,
mais quelque chose comme pêcheur de rêves,
ou acteur sur scène,
si chose était possible,
car l'impossible est pour moi chose atteignable,
mais toi tu sais, tu vois,
tu te conforme, tu rationalise,
tu regarde à la loupe, tu osculte au microscope près,
tu dresse un portrait de ta vie,
et ça m'ennuie désolé,
ces idées de confort, d'assurance,
de salaire et de finance,
mademoiselle,
je vous trouvais belle il y a une heure,
mais notre lunch tire à sa faim
et j'dois retourner me faire du beurre...

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