Photo © Suzi Medeiros

Sois toujours poëte, même en prose

15 juin 2009

Barrage-poids

Attendre que l'horloge cesse ses battements d'ailes
parce que ses organes se sont usés avec le temps
après l'accumulation poussièreuse des années,
mais il n'y a que fissure au barrage
car celui-ci refuse de craquer,
ce mur de béton nous empêchant de partir
avec le courant de la fraîche fluidité de l'infini,
collé au mur de cette enclume de vie,
lorsque l'on rêve de s'élever à une crue,
ou que l'on n'attend que ce tremblement de terre,
celui qui permettra à cette fondation de lâcher-prise,
fondation inutile qui ne fait que barrer tout sens,
lorsque sa voix est cadenassée,
et que l'on ne peut l'utiliser pour se vanter de sa sage vieillesse,
espérons qu'il pleuve davantage pour se libérer enfin,
lorsque la fin ne tire plus à sa fin,
lorsque son corps tire péniblement à ses joints,

bloqué par la solitude de tes murs d'hôpitaux je te vois,
subir l'agonie des derniers jours,
et je pris pour que tu puisse partir en paix,
dans le courant d'une fuite libératrice,
afin de ne plus rester là,
planté comme un barrage
qui turbine lourdement le temps,
mais qui a déjà turbiné la peur et le monde,
mais qui turbine encore,
contre son gré,
contre le temps,
contre le courant
à contre-courant