Photo © Suzi Medeiros

Sois toujours poëte, même en prose

29 octobre 2010

Ce texte

Ce texte n'est pas une commandite d'une gomme à la menthe,
mais il est sûr de vous faire perdre l'haleine,
ce texte n'est pas approuvé par la reine et ne vient pas accompagné d'un sachet de lavande,
il ne vient pas dans vos céréales mais il est sûr de vous surprendre,
de vous donner une surcharge électrique plus forte que ce que votre bill d'hydro vous surcharge,
j'ai fais un texte qui t'appelle,
un texte qui t'interpelle,
un texte tellement exquis qu'on en enterrerait le cadavre exquis à la pelle,
ce texte te décroche la grande ours pour la déposer dans ton assiette,
ce texte te fais rêver en plein jour et fais ressusciter en toi l'espoir des derniers siècles,
ce texte ne vient pas d'un endossement ou d'un bailleur de fonds,
il vient d'une fissure qui a su faire pénétrer les rayons de mon imagination,
ce texte ne se trouve pas dans un rayon de magasin,
à côté des tondeuses à gazon,
à côté des souffleuses ou à côté des déchicteuses de chromosomes,
non, ce texte redore ton blason de couleur or,
jusqu'à ce que ton aura puisse désaveugler les gens ignares telle une aurore,
ce texte n'a pas été approuvé par le gouvernement provincial ou fédéral,
ou par la raquette de tennis de Federer,
il ne vient encore moins de la caisse libérale,
ou de la corruption viscérale de la gang à Charest,
peut-être que j'en charrie mais j'men charrue,
parce que ce texte vise le peuple comme une aiguille au coeur,
jusqu'à ce que l'arrêt cardiaque nous réunisse tous enfin entre frères et soeurs,
ce texte n'est pas issu d'un contrat,
il vient au contraire d'un combat,
qu'on l'on livre à tous les issues,
il se hisse aussi haut qu'un drapeau,
aussi haut que la suite de luxe au Ritz,
au risque de se faire plaquer sur la liste terroriste,
ce texte existe,
il n'est ni la machination d'un exorciste,
ou d'une multinationale à la quête de profits qui nous exorbitent tant,
ce texte n'est pas soutenu par des tanks ou par des tentes de l'Otan,
ou par un financement militaire même si vous trouvez que je milite tant,
même si vous trouvez que je mérite autant,
non, ce texte est pacifique et atlantique,
antartique et indien,
autochtone et urbain
authentique et rien de moins,
ce texte n'est pas le fruit d'une crocherie,
il est le fruit d'un rêve auquel on s'accroche comme le bras d'une femme auprès de sa saccoche,
ce texte n'a pas de sponsor,
ou bien tu l'aimes, ou bien tu t'endors,
ou bien tu reste, ou bien tu t'en vas,
ce texte n'est pas une étude de marché mais il marche la tête haute,
les épaules droites pour toucher les pôles du nord au sud,
ce texte n'est pas une ordure,
il est une semence qui pousse dans une craque de ciment,
il est le silence fertile qui éclabousse le sillage de nos tourments,
il est le sciage d'une drave qui nous permet de suivre le courant,
de le suivre jusqu'au St-Laurent,
au lieu de suivre la vague,
jusqu'à ce qu'on revienne à sa source,
ce texte semble mission impossible,
mais je ne le laisserai pas s'autodétruire,
je le garderai aussi longtemps que possible,
jsuqu'à ce que ses mots atteignent sa cible,
ce texte vient de nul part,
mais ce texte est ici pour rester

8 octobre 2010

Place mon âme au bord du mur

Place mon âme au bord du mur,
vas-y pour voir, pour que je m'envole à un niveau plus que haut que ton arrogance, j'vais t'écarteler ces barbelés qui s'amusent à me marteler, j'vais partir en vappe,
avec ciel comme essence, j'vais devenir perle rare de Merle qui vole de ses propres ailes, j'vais devenir gigantesque, océanesque de son propre sel, on ne peut me sceller, m'encontenancer, m'endimancher ou m'empailler, non j'me transforme en Popeye ou en lait caillé,

Place mon âme au bord du mur,
vas-y place-là, essaye de m'aplatir comme un écran plasma, pis j'me faufile comme un fauve affâmé d'un repas fossile, j'deviens canine et molaire, j'deviens colère des dieux comme tonnerre et éclair font deux, j'deviens années 80 du mur de Berlin, j'deviens Berline, j'deviens pont pis hippontcondriaque, j'deviens samourai de Nippon, tant bien que tu m'emmurailles de Chine, chu trop bulldozer pour qu'on me place au bord du mur, bien trop brise-glace pis brise-brique, oubli-ça j'te casse comme Brice de Nice, so lâche ta bisbille, je t'envoi une bise, après de te faire ma prise de Lee, de Bruce ou de Jet, j'me jet avant que tu me jette à terre, chu bien trop contestataire, pour que tu me colles au mur, que tu m'en colles une, que tu m'affiches aux communes, que tu m'épingles au babillard, que tu me panel publicitaire, je sais pas si c'est héréditaire mon affaire, mais chu allergique aux murs comme soleil est allergique aux lunes, chu trop open pour être coincé comme sardine en cellule, je m'Hulk Hogan pour mon espace, je m'incroyable Hulk de liberté, je m'Huckleberry finn sur un radeau,

place mon âme au bord du mur,
vas-y essaye de resserer l'étau, c'est toute ma rage que tu viens de te mettre à dos, c'est tout un torrent qui risque de te mettre à l'eau, quand tu me considérais ruisseau, quand tu me plaçais des barrages, quand tu tentais de puiser dans ma source, chasse mon naturel, mais je reviens au galop,

place mon âme au bord du mur,
démoralise-moi autant que tu le veux, aussi puissant que tu puisses paraître, aussi géant que tu puisses apparaître, dresse ton mur de la honte, qui me sépare du reste du monde, crois-moi je lancerai la première fronde, j'affronterai ta première fonte, comme le firent le front commun en affront aux murs dressés par les patrons de Murdochvile,

Place mon âme au bord du mur,
C'est là que je prends du front, que j'perds la tronche, pis que mes racines prennent du tronc, en me plaçant dans un coin je tourne pas rond,
mais tu te trompe si tu pense que tes murs peuvent me corrompre, j'aime pas ta trompe et ta troupe, son arrogance et ses airs de César, son trou qui pète plus haut qu'un trou de Geyser, sa chaleur humaine aussi vide qu'un désert, ta légion m'a trop pris à la légère, mais par misère, tes repoussements je les gère, jusqu'à un certain point faut dire, jusqu'à ce que tu fautilles, jusqu'à ce ta basse estime de moi me brûle la rétine, jusqu'à ce que la goutte déborde du vase et que le vase éclate, viens que j'te taloche ta stature trop à droite de Goliath,

Place mon âme au bord du mur, et j'vise pour le talon d'Achille, la chirurgie à ta blessure sera difficile, pardonnez-moi cette violence, mais c'est que de l'auto-défense, c'est tout naturel, je fais que protéger la peau de ma peau, les os de mes os, les maux de mes mots, les eaux de Némo, c'est ma ruse face à ta méduse et je marche les poings serrés, prêt à frapper sur un capot,

Place mon âme au bord du mur,
et j'te jure mon ami, je beugle à la vie