Photo © Suzi Medeiros

Sois toujours poëte, même en prose

8 octobre 2010

Place mon âme au bord du mur

Place mon âme au bord du mur,
vas-y pour voir, pour que je m'envole à un niveau plus que haut que ton arrogance, j'vais t'écarteler ces barbelés qui s'amusent à me marteler, j'vais partir en vappe,
avec ciel comme essence, j'vais devenir perle rare de Merle qui vole de ses propres ailes, j'vais devenir gigantesque, océanesque de son propre sel, on ne peut me sceller, m'encontenancer, m'endimancher ou m'empailler, non j'me transforme en Popeye ou en lait caillé,

Place mon âme au bord du mur,
vas-y place-là, essaye de m'aplatir comme un écran plasma, pis j'me faufile comme un fauve affâmé d'un repas fossile, j'deviens canine et molaire, j'deviens colère des dieux comme tonnerre et éclair font deux, j'deviens années 80 du mur de Berlin, j'deviens Berline, j'deviens pont pis hippontcondriaque, j'deviens samourai de Nippon, tant bien que tu m'emmurailles de Chine, chu trop bulldozer pour qu'on me place au bord du mur, bien trop brise-glace pis brise-brique, oubli-ça j'te casse comme Brice de Nice, so lâche ta bisbille, je t'envoi une bise, après de te faire ma prise de Lee, de Bruce ou de Jet, j'me jet avant que tu me jette à terre, chu bien trop contestataire, pour que tu me colles au mur, que tu m'en colles une, que tu m'affiches aux communes, que tu m'épingles au babillard, que tu me panel publicitaire, je sais pas si c'est héréditaire mon affaire, mais chu allergique aux murs comme soleil est allergique aux lunes, chu trop open pour être coincé comme sardine en cellule, je m'Hulk Hogan pour mon espace, je m'incroyable Hulk de liberté, je m'Huckleberry finn sur un radeau,

place mon âme au bord du mur,
vas-y essaye de resserer l'étau, c'est toute ma rage que tu viens de te mettre à dos, c'est tout un torrent qui risque de te mettre à l'eau, quand tu me considérais ruisseau, quand tu me plaçais des barrages, quand tu tentais de puiser dans ma source, chasse mon naturel, mais je reviens au galop,

place mon âme au bord du mur,
démoralise-moi autant que tu le veux, aussi puissant que tu puisses paraître, aussi géant que tu puisses apparaître, dresse ton mur de la honte, qui me sépare du reste du monde, crois-moi je lancerai la première fronde, j'affronterai ta première fonte, comme le firent le front commun en affront aux murs dressés par les patrons de Murdochvile,

Place mon âme au bord du mur,
C'est là que je prends du front, que j'perds la tronche, pis que mes racines prennent du tronc, en me plaçant dans un coin je tourne pas rond,
mais tu te trompe si tu pense que tes murs peuvent me corrompre, j'aime pas ta trompe et ta troupe, son arrogance et ses airs de César, son trou qui pète plus haut qu'un trou de Geyser, sa chaleur humaine aussi vide qu'un désert, ta légion m'a trop pris à la légère, mais par misère, tes repoussements je les gère, jusqu'à un certain point faut dire, jusqu'à ce que tu fautilles, jusqu'à ce ta basse estime de moi me brûle la rétine, jusqu'à ce que la goutte déborde du vase et que le vase éclate, viens que j'te taloche ta stature trop à droite de Goliath,

Place mon âme au bord du mur, et j'vise pour le talon d'Achille, la chirurgie à ta blessure sera difficile, pardonnez-moi cette violence, mais c'est que de l'auto-défense, c'est tout naturel, je fais que protéger la peau de ma peau, les os de mes os, les maux de mes mots, les eaux de Némo, c'est ma ruse face à ta méduse et je marche les poings serrés, prêt à frapper sur un capot,

Place mon âme au bord du mur,
et j'te jure mon ami, je beugle à la vie

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