Photo © Suzi Medeiros

Sois toujours poëte, même en prose

30 juillet 2008

Je te plains

Je te plains
lorsque je te vois sur le bord de la fenêtre
à fixer l'horizon
sans aucune attente sur ta chaise berçante
car tu me rappelle
comment la vie est fragile
parfois lâche et injuste
je te plains
car le temps t'as laissé cicatrices et plaies
car tu aimerais tant
être ce que tu étais auparavant
femme au regard vif
à la peau douce et ruisselante
pleine d'énergie contagieuse
je te plains
car aujourd'hui tu es seule
et demain sera chose pareille
car l'amour de ta vie est parti avant toi
sans même t'avertir
sans même te glisser un adieu ou à la prochaine
je te plains car lorsque j'entends ta voix
elle tremble de vieillesse
et n'est plus aussi tendre qu'elle ne l'était
car tu as tant de choses à dire
mais peu souvent d'oreilles pour les entendre
car tu attends le prochain téléphone
impatiemment, comme un enfant qui attend la dernière sonnerie d'école
je te plains
car tu te sens lourde comme une enclume
un fardeau pour tes proches
car tu ne veux pas que l'on se soucie de toi
même si ton corps demande un peu plus de corde
je te plains pour tout ce temps que tu endure
mais que tu accepte courageusement
dans ta passivité admirable
et ton humeur amicale

malgré tout je t'admire
car tu es toujours aussi belle
comme une star de cinéma
parce que derrière ton apparence
se cache un jardin japonais
car derrière tes mains déformés
se tient une gestuelle exemplaire
une sagesse influente
et des paroles qui m'étonnent
car tu es aussi calme que la mer
et tu ne te laisse pas emporter par la vague du stress
malgré tout je t'admire
car derrière ta grandeur
se cache une forme surhumaine
qui a su défier les obstacles et les temps gris
se cache une géante
qui ne se cache devant rien
dans le fond
je t'admire et tu n'es pas à plaindre
car tu me rappelle
comment le temps n'est point une chose à craindre

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