Photo © Suzi Medeiros

Sois toujours poëte, même en prose

19 mars 2009

Je te salue

Je te salue
sauveur de l'hostilité des froides journées,
ami des oiseaux et de la faune florescente,
tailleur du gendre féminin limitant la longueur du tissu,
briseur de glace et de mascarade du carnaval,
marmotte qui s'empresse hâtivement de braver son museau à la foule,
virus qui sème la contagion des sourires,
bonheur dans une bouteille vide que l'on ingurgite en quantité atmosphérique,
thérapeute des plus dépressifs du genre,
horticulteur des jours heureux,
promoteur du vert comme un Irlandais à la Saint-Patrick,
regain d'espoir comme un président noir,
catalyseur des mauvaises énergies,
calorifère naturel qui pousse sur le terreau fertile du quotidien,
impresario du cycle de la vie,
cycle que l'on ne peut freiner comme les chaînes de l'existence humaine,
fornicateur professionnel faisant l'amour à notre moral,
personnage mesquin qui prend parfois trop de temps pour passer à l'action,
marin revenu des torrents gargantuesques de la mer,
constructeur de terrasses aux abords des boulevards humides,
poseur de lumières, électricien légendaire,
fossoyeur du gel à-n'en-pu-finir dans le cimetière de l'hiver,
non, tu n'es pas un poisson d'avril

tu me rappelle à quel point j'appartiens à cette planète,
tu me rappelle ces coulées de sirop d'érable sur une neige qui me semble douce à ma peau,
à ces conquêtes de jeunesse où l'on s'empresse de prendre siège comme un manège,
à ces journées adolescentes où nous brûlions l'encens des rois pour la première fois,
à ces toits plus légers tout comme l'épaisseur de nos vêtements,
à une plume qui chatouille nos sens,
à ces raisons pourquoi il y a peut-être un Dieu à quelque part à barbe blanche, en turban, ou en tunique orange,
tu me rappelle l'odeur des granges de campagnes,
au bruit d'un bouchon d'une bouteille de champagne,
tu me rappelle et me fait oublier cette chanson de Gilles Vigneault,
tu me rappelle à quel point j'existe et jusqu'à quel point je peux oublier pour un moment tous ces ravages qui détruisent la planète,
lorsque je vois ces femmes tu me rappelle que je suis animal,
tu me rappelle que j'ai une mémoire et qu'elle peut m'amener des souvenirs précieux comme présent,
pour toutes ces raisons et encore plus,

je te salue
allié des nations,
de la mienne en particulier;
peu importe comment l'on t'appelle

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