Photo © Suzi Medeiros

Sois toujours poëte, même en prose

8 septembre 2009

À l'aube de l'automne

Au début je comptais les secondes, les minutes, les heures
ensuite je comptais les jours, les semaines, les mois . . .
maintenant je compte les saisons -
les saisons qui séparent le moment où la douleur n’existait pas du moment ou elle disparaîtra -
Et peu à peu je m’aperçois qu’elle est là pour y rester
Qu’il y a des plaies qui ne guérissent pas
ou des cicatrices de plus en plus profondes qui ne font que recouvrir la surface de quelque chose qui pourrie par en dedans,
quelque chose qui consomme tout ce dont tu avales et qui calme sa soif en buvant ton sang

Et on te dit de donner du temps au temps et il viendra un moment où tout ira mieux,
qu’un jour ça ne fera plus mal,
que ce sera comme un conte de fée qu'on t'as raconté
parce que dans ces histoires il y a toujours une princesse triste et un prince à la fin qui vient pour la sauver

Alors je me suis levée et j’ai commencé à marcher pour rencontrer ce moment en cours de route pour sauver du temps
Au lieu de l'attendre ici et davantage m’enfoncer -
Mais parfois, même le temps ne retrouve pas son chemin
il se perd dans la brume car il n'a pas laissé assez de traces pour se retrouver
ainsi la blessure ne se referme jamais car il est impossible de recoller tous les morceaux de verre d’une bouteille de vitre qui s’est éclatée contre le sol -
Parce qu'il y a des poussières qui se sont envolées dans les airs
de petites particules qui manquent pour recoller tous les morceaux d'un coeur brisé que même un prince ne pourrait combler

Et avant je croyais qu’il y avait toujours un moyen de guérir
Alors j’ai traversé rivières, océans et déserts
J’ai affronté typhons, tornades et ouragans
J’ai même confronté les volcans en éruptions et les tremblements de terre au plus haut de l’échelle de Richter
J’ai tout fait pour trouver un antidote
Mais parfois, comme le temps ne guérit pas, l’antidote n’existe pas
car je sais maintenant qu'il y a des rêves qui ne se réalisent pas...
et qu'elle ne reviendra pas

J'ai alors construit la muraille de Chine tout autour de moi pour me protéger des périodes d’épidémies
Mais en vain . . .
il faut plus d'une vie pour recouvrir le ciel et se protéger de ses tempêtes -
Alors la douleur persiste comme une maladie incurable qui t’envahie un peu plus à tous les jours mais qui prend des années à t'anéantir -
car mourir devient soudainement le seul espoir restant que la souffrance aura une fin comme elle a eu un début

Mais j'aimerais vivre longtemps
ou un peu plus encore
j'aimerais sourire et ne plus faire semblant de rire...
oublier qu'on nous l'a volée
car je voudrais faire chaque pas avec elle à mes côtés comme avant
Comme chaque nuit je m’endors avec elle dans ma tête,
comme je la vois dans mes pensées,
comme je la berce dans mes rêves...
pour me réveiller à l’aube et entendre les pleurs qui me ramène à la réalité

Ainsi en vérité, tout comme chaque seconde se transforme en saison,
les larmes qui ne devaient être qu'un petit ruisseau
se sont maintenant transformées en une mer d'eau salée
qui inonde les côtes
et moi je suis au centre en espérant me noyer dans la pluie de l'automne
avant que l’hiver n'arrive et que je doive me mettre à compter les années
qui séparent le moment où tout a commencé

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Je n'ai pas de mots pour d'écrire. C'est certe un de tes meilleurs.

SB