Photo © Suzi Medeiros

Sois toujours poëte, même en prose

3 avril 2009

au 3e jour du mois

Au 3e jour du mois,
je pris finalement mon courage entre mes bras,
je sortis de mes draps
pour aller chercher une pelle et une brouette,
direction le cimetière,
avec cette vieille canaille que je comptais enterrer depuis que le jour est jour,
une pleine lune éclaira le moment,
j'arrêtai d'un coup sec mes mouvements,
lorsque j'aperçus une terre vierge
où je pourrai y planter mon dolmen funéraire,
je plongeai ma pelle tête première
en arrachant l'herbe en surface,
jusqu'à ce que je puisse apercevoir les verres de terre
qui se tortillèrent le corps à me voir le visage,
moi qui n'étais plus sûr de soi
comme une limonade passé date,
je creusai d'un geste sûr et décidé,
outré par cet avenir que je pensais toujours en vain pouvoir dessiner,
je lançai des jets de terre,
jets après jets,
en pensant à ces tièdes journées,
où mon moral était aussi bas que le niveau de la mer,
jets après jets,
à ces gestes que j'ai toujours voulu faire sans jamais ne les avoir posé,
comme une image qui hante un photographe,
jets après jets,
à cette insécurité traîtresse,
comme un château dépourvu de forteresse,
jets après jets,
à ce manque de confiance
qui m'empêche de voir la vie en haute définition,
telle qu'elle devrait l'être,
comme un roman dont nous sommes maître de l'action,
j'arrivai finalement au fond,
à bout de souffle,
sans néanmoins être à bout de force,
pour ensuite retourner au rez-de-chaussée du sol,
où gisait mon cadavre dans un sac de poubelle,
où seul la lune et un corbeau perché
ne purent nous apercevoir,
comme une lueur sur le firmament du soir;
je pris par le col cette foutu ordure
que je jetai dans la fausse
de mes souvenirs fauchés,
comme un fossoyeur je me mis à enterrer,
enterrer par pur plaisir,
enterrer en ricanant,
enterrer solonellement,
enterrer sans n'éprouver de peine aussi profonde que cette tombe,
soulagé,
je me félicitai du travail,
de cet acte héroique et machiavélique à la fois,
de ce que peu d'hommes n'arrivent à accomplir,
lorsque marche l'empire des jours tristes,

je pris alors une pierre rectangulaire,
sur laquelle je gravai ceci:
''ici repose le corps de mes soucis''
et je retournai dans la nuit,
serré à la gorge par les faits,
en sachant que je pourrai finalement me reposer en paix...

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